mercredi 25 février 2009

Lieux d'accueil (2) : l'hôpital par juxtaposition


La fin du Moyen-Âge voit une période de transition dans l'architecture hospitalière. En effet tous les établissements d'assistance et de charité ne sont pas conçus et construits à partir de rien. Ils ne sont pas tous formés d'une chapelle ou d'une communauté isolée au bord d'une route de pèlerinage. Dans les villes, des fondations se créent autour de communautés religieuses, mais aussi à l'initiative des autorités municipales ou de bienfaiteurs privés. Prenant de l'ampleur, la fondation englobe peu à peu les bâtiments adjacents.
Si l'on prend l'exemple de l'Hôtel-Dieu Saint Eloi de Montpellier, on s'aperçoit qu'il s'agit d'une juxtaposition de l'Hôtel Dieu, fondé en 1183, avec l'hôpital "Robert", fondé par un laïc, Robert Pellier, à la même période. On retrouve encore sur le plan les deux chapelles adjacentes. Le nom de "Saint Eloy" n'est retrouvé qu'au XIVème s. Ces structures considérables prennent une importance majeure dans le paysage sanitaire de la ville. A la fusion des deux hôpitaux, en 1222, on dénombre 10 frères et 3 sœurs. En 1324 il y a 47 lits d'hommes et 10 lits de femmes. Pour l'époque, c'est beaucoup ! L'activité n'est pas limitée au soins des malades, mais aussi à l'accueil des hôtes de passage : voyageurs, pèlerins, indigents...

On y voit pour la première fois au XVème s. la participation aux soins des médecins, chirurgiens ou apothicaires. Ils y donnent des soins gratuitement aux pauvres, en échange d'une exonération d'impôts par la ville. Prenant de l'ampleur, l'Hôtel-Dieu Saint Eloy déménage, tout en restant dans les limites de la ville médiévale. Les agrandissements successifs se font donc par acquisitions progressives des maisons et îlots alentours. Après 1600, on isole certains résidents dans des lieux d'accueil spécifiques, comme un début de "spécialisation" : les "petites maisons" accueillent les malades psychiatriques(3), un ilôt est réservé à la maternité(4). Au XVIIème, l'Hôtel-Dieu accueille jusqu'à 200 malades (hommes, femmes ou enfants). Les bâtiments sont divisés en 23 longues salles portant des noms de saints, au bout desquelles on retrouve encore un autel. On trouve aussi un amphithéatre, l'école de Médecine toute proche commençant à envoyer étudiants et professeurs à l'hôpital.

La vocation d'accueil se modifie au cours du temps. On n'y accepte plus que les indigents de la ville (ou les militaires) souffrant de maladies aiguës. Il existe des salles pour les fiévreux, les blessés, les femmes, les vénériens, les galeux... Le personnel est formé d'infirmières laïques et, de 1667 à 1965 (!), des sœurs de la Charité. Les malades chroniques ou les hospitalisations "pour raisons sociales" sont adressés dans d'autres structures, dont je vous parlerai au prochain épisode...

1 commentaire:

Cesco a dit…

Un exemple d'hospice pour pèlerins à Jérusalem, décrit par l'Arménien Zvar Jiyerji :

"En entrant par la porte principale, dans une chambre dans le couloir, il y a de grands chaudrons pour la lessive. Celui qui le souhaite va au jardin et lave ses vêtements. Les chaudrons sont gardés dans une salle grillagée, qui sert également de prison. Après la salle de Baba Minas etc."

La suite ici : L'hospice des pèlerins